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Science Animation, réseau-labo de médiation en Midi-Pyrénées

Le 29 mai 2012 par Gayané Adourian

Du 29 mai au 2 juin, Toulouse est la « capitale européenne de la culture scientifique » avec le congrès de l’AMCSTI et la conférence ECSITE. Pour l’occasion, nous avons rencontré Johan Langot, le directeur de Science Animation, centre de sciences de Toulouse Midi-Pyrénées.

Peux-tu nous dire comment est née Science Animation ?

L’association Science Animation est née à une époque où on parlait de « vulgarisation scientifique« , où la notion de « progrès » scientifique et technique était clairement (re)mise en question… Plusieurs événements (e.g. »Physique dans la ville » en 1979) ont ainsi conduit des chercheurs et militants associatifs à créer l’association Science Animation, installée dès ses débuts à l’Observatoire de Jolimont.

Une fois créée, l’association a orienté son activité vers la conception d’expositions, sur le format « Comment ça marche ? » (le téléphone, l’avion, etc.), avec parfois de jolis succès d’audience ! Elle a aussi développé un « camion des sciences » pour sillonner la région Midi Pyrénées. Toutefois, ça n’est que début 2000, à la faveur de la politique des Emplois Jeunes, que l’association a pu passer un cap en doublant son effectif – c’est à ce moment là que j’ai été recruté ! – de quoi pérenniser les méthodologies et développer des outils en itinérance. Aujourd’hui, nous créons entre 3 à 4 expositions par an qui tournent à l’échelle régionale, nationale et parfois même internationale.

La région semble favorable pour la culture scientifique…

Historiquement, Toulouse est la 2e Université de France. À côté de ça, un concours de circonstances favorables a permis de développer une industrie de pointe dans les domaines aéronautique et spatial. La double composante recherche et industrie a clairement créé un écosystème favorable au développement de la culture scientifique et technique, avec un gros enjeu de transmission et d’appropriation citoyenne.

Dans la région Midi-Pyrénées, on a vrai écosystème, avec  une multitude d’acteurs culturels : des grosses institutions comme le Museum ou la Cité de l’Espace (qui accueillent pour chacun entre 200 000 à 300 000 personnes par an) mais également un tissu d’associations (Planète SciencesPetits Débrouillards, etc.). Science Animation de son côté touche environ 250 000 personnes par an en Midi-Pyrénées.

Quelles sont les activités de Science Animation aujourd’hui ?

Aujourd’hui, l’association compte 12 salariés, une personne détachée du CNRS et trois personnes qui font leur service civique. Il faut également compter la cinquantaine de bénévoles qui participent à la vie de l’association. Science Animation repose sur deux gros piliers : l’adossement à la recherche scientifique et l’animation d’un réseau régional. L’association permet la diffusion et la coproduction d’outils dans le territoire et joue un rôle de « facilitateur » (nous coordonnons la Fête de la Science, faisons de l’accompagnement dans la réponse aux différents appels à projet, développons des partenariats, etc.). On peut dire que notre savoir-faire est dans l’ingénierie culturelle.

Quel est ton rôle en tant que directeur de Science Animation ?

Ca fait deux ans que je suis directeur. Pour le moment, je me suis concentré sur la réorganisation de la structure en pôle d’expertises et une structuration des relations en région. Nous avons travaillé sur la définition d’une stratégie d’orientation avec un mot d’ordre : sortir de la logique expo-centrique ! L’idée, c’est de choisir un thème et de le traiter en « mode plate-forme », avec différents types de partenaires pour différents types de publics. On s’inspire des schémas de pensée numérique pour réfléchir en terme de démarches.

Tu pourrais nous citer une réalisation concrète dans ce style ?

Je pourrais parler de l’histoire du Dinosauroïde. Dans le contexte de l’année Darwin (2009), on s’est demandé comment parler de l’évolution en sortant de la logique de l’exposition. On a pris un public de classe de collège et on s’est demandé comment trouver un objet original pour créer le questionnement et  amèner les jeunes à parler du sujet. C’est comme ça qu’est né l’objet Dinosauroïde – réalisé par un plasticien.

Cet objet a été amené dans les classes – il a touché près de 5000 jeunes – et a servi de prétexte pour parler d’évolution. On a mis en place une page Facebook qui a permis la formation d’une communauté autour du dinosauroïde…. mais elle n’a pas été suffisamment animée faute de moyens. La démarche a été ensuite évaluée par un labo et présentée dans le colloque « La Science à l’épreuve des publics« .

Quelles sont les perspectives pour Science Animation ?

L’association évolue vers un « réseau-labo » : les scientifiques apportent leur brique « expertise », les PME leur brique « techno », etc. Science Animation se positionne ainsi comme un laboratoire de R&D dans la médiation, les démarches étant évaluées avec des laboratoires de recherche. Sur le plan territorial, Science Animation intégrera le Quai des Savoirs avec d’autres acteurs de la culture scientifique en 2014. Cela nous permettra de proposer une programmation originale avec les partenaires et la Ville de Toulouse pour ce lieu municipal.

Au sein du consortium Inmédiats, quels sont les enjeux ?

Concrètement, cela correspond à la mise en place d’une équipe au sein de Science Animation qui sera chargée de la mise en œuvre de toutes les composantes d’Inmédiats, à Toulouse et en région. L’objectif : mettre en place un outil collaboratif d’expérimentation en pédagogie des sciences dont la valeur ajoutée résultera de la synergie entre les différents laboratoires de recherche, entreprises et opérateurs de la culture scientifique à Toulouse et en région Midi-Pyrénées. L’expertise des 5 autres membres du Consortium servira également d’appui.

Cette équipe devra intégrer les techniques et schémas de pensée numérique dans les pratiques de création et de réalisation (fonctionnement en réseaux, co-construction de nos contenus, conception d’outils innovants…). Elle devra mettre en place des expérimentations de nouveaux usages, avec implication directe et évaluation par les publics ainsi qu’une validation par des laboratoires de recherche. Ces outils validés seront ensuite généralisés et intégrés au fonctionnement des centres du consortium, de leurs partenaires et de leurs réseaux.

Le projet Inmédiats prendra corps dans plusieurs lieux fixes ou itinérants, physiques ou en ligne. Parmi eux, il y aura le Quai des savoirs où plusieurs espaces seront consacrés à l’expérimentation comme  le Laboratoire de la médiation, le Living Lab, les ateliers ou encore le studio qui sera un lieu de production et de captation numérique. Viendra ensuite le Fab Lab en collaboration avec Artilect, mère du 1er Fab Lab français. Il s’agira de créer un lieu de prototypage permettant aux citoyens et en particulier aux jeunes de se réapproprier les technologies en leur donnant la possibilité de concevoir et fabriquer eux-mêmes leurs objets. Par la mutualisation des connaissances, des compétences, etc.

Enfin, le média mobile, un dispositif innovant itinérant pour aller vers les publics et en particulier les publics « distants ». Il sera équipé des technologies numériques nécessaires à la présentation de dispositifs de médiation et intègrera tous les moyens de production et de diffusion participatifs pour permettre la réalisation de contenus avec le public. Sans oublier la partie en ligne et un réseau social territorial, qui viendra en complément des autres outils et permettra de faire le lien en ligne entre tous ces lieux physiques et de connecter tous les utilisateurs.

>> IllustrationsScience Animation (Flickr, CC), Le dinosauroide (Facebook)

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