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Visite de @t Bristol, un science center anglais

Le 11 avril 2011 par Camille Cocaud

Profitant d’un voyage dans la patrie de Shakespeare, j’ai visité le science center de Bristol, sobrement nommé At Bristol. Basé sur des concepts innovants et dirigé par le français Goéry Delacôte, ce centre vaut vraiment le détour.

Situé au cœur de la ville, près de l’aquarium et construit dans les vieux hangars d’une compagnie de train, At Bristol en impose par sa taille et intrigue le passant.

Vue extérieure de At Bristol, avec la sphère du planétarium

Habituée des CCSTI (Centres de Culture Scientifique, Technique et Industrielle) et de leur philosophie, j’entre avec la ferme intention de voir en quoi ce modèle anglo-saxon est différent. Plusieurs points très intéressants m’ont particulièrement marquée.

Les espaces d’expositions

A mon arrivée, je suis accueillie par la chargée des relations presse, qui me fit faire le tour des espaces d’expositions. Celles-ci sont principalement temporaires, et créées par l’équipe du centre dans un atelier.

L’intérieur des ateliers de création du centre. Ici un exhibit (unité d’activité indépendante) est en cours de conception sur le tractus digestif pour l’exposition qui a ouvert quelques jours après : « All about us »

Elles sont ensuite louées à d’autres science centers ou à des muséums. At Bristol commence en effet à se construire une solide réputation nationale et même mondiale en tant que créateur d’exposition. Pour preuve, l’une d’entre elles s’est retrouvée à Kuala Lumpur (Malaisie) !

A Bristol, le visiteur n’est pas complètement livré à lui-même dans les dédales des deux étages du centre. Plusieurs animateurs circulent pour lui apporter de l’aide, le faire réfléchir par des questions ou simplement discuter un peu plus en profondeur avec lui des concepts sous-jacents de certaines expériences. Ces animateurs sont pour la moitié d’entre eux des employés de la structure, et pour l’autre des volontaires.

Autre fait intéressant à At Bristol : des journées spécialement dédiées aux enfants de moins de 5 ans sont régulièrement organisées, afin de mieux satisfaire les attentes de ce public particulier ne sachant pas lire et accompagné de parents exigeants.

Les exhibits

Le principe même des expositions de ce centre repose sur des unités d’activité indépendantes, appelées exhibits. Celles-ci proposent une manipulation, un jeu, une expérience au visiteur ou à un groupe de visiteurs. Elles participent ainsi du lien social qui se créé dans ce genre de centres, tout en proposant une interactivité bien plus intéressante à mon sens que celle proposée par des bornes « interactives ».

Des exemples tirés de la partie All about our world :

Un jeu d’échecs géant et simplifié, utilisé pour expliquer quelques principes mathématiques

Des cercles de différents diamètres permettent de créer des bulles géantes qui amusent petits et grands !

Au-delà des expérimentations proposées, les panneaux associés proposent toujours plusieurs entrées possibles par des questions. Une partie explicative développe ensuite les concepts scientifiques, tandis qu’une photo ouvre ceux-ci à des applications concrètes.

En dehors de ces exhibits qui restent fixes, les animateurs du centre se déplacent dans un rayon d’environ deux heures de route (considéré comme étant la zone d’influence maximale du centre) pour proposer des activités de sensibilisation aux thèmes des expositions à des écoles ou lors d’évènements culturels.

La zone de test, et l’implication des visiteurs

Un autre point ayant fortement retenu mon attention concerne la testing zone. Avant l’ouverture officielle d’une exposition, le centre propose une zone de test, où les visiteurs peuvent essayer en exclusivité quelques exhibits qui seront présentés. Cette zone a selon moi plusieurs avantages : les installations sont tout d’abord vérifiées d’un point de vue fonctionnel et technique, ce test évalue la réactivité des visiteurs par rapport aux dispositifs, et permet éventuellement d’y apporter des améliorations de dernière minute. Cette zone offre également un merveilleux teaser, ou bande-annonce, à l’exposition à venir. Les visiteurs sont ainsi piqués au vif (ainsi que je l’ai été moi-même) et je suis prête à parier que bon nombre d’entre eux reviennent grâce à ce stratagème.

Reprenant le principe du teaser, une diapositive présente la testing zone ainsi que le décompte du temps restant avant l’ouverture réelle de l’exposition.

Un des exhibits de la testing zone sur l’exposition All about us (aujourd’hui ouverte). Le principe : sélectionner un encas puis grimper et redescendre de la marche au rythme d’un son et aussi longtemps que nécessaire pour l’éliminer (un conseil : n’essayez pas d’éliminer la barre de chocolat ou vous y passerez la journée !).

La poursuite de la visite hors de At Bristol

Le ticket d’entrée du centre possède un code barre. Sur un grand nombre d’exhibits, et surtout dans l’exposition Animate it !, on nous propose de le scanner, afin de sauvegarder nos résultats, performances, créations, photos, etc. Après sa visite, chacun peut aller sur le site web de At Bristol pour accéder à une session personnalisée [à l’image de ce que développe le CCSTI français Cap sciences].

Une capture d’écran de ma propre session pour l’exposition Animate it !. Je peux retrouver mes créations, les modifier, les envoyer, accéder aux news du centre, avoir accès à de nouvelles activités, à des liens…etc.

Ce système permet de prolonger la visite ainsi que le lien au centre : une façon très intéressante d’impliquer le visiteur dans le sujet.

Le Science Learning Center

Dernier point notable qui fait la force de At Bristol : il accueille en son sein le seul Science Learning Center de tout le Sud-Ouest de l’Angleterre.

Ces centres d’apprentissage continu sont dédiés aux enseignants en exercice, qui souhaitent se perfectionner, apprendre de nouvelles techniques de vulgarisation ou tout simplement se tenir à jour dans leurs connaissances scientifiques. De tels centres sont disséminés sur tout le territoire du pays, et At Bristol est le seul science center à en abriter un, qu’il gère en collaboration avec l’Université de Bristol et l’Université de Plymouth. Les « cours » sont donnés par des scientifiques, animateurs, ou professeurs d’université.

Pour en revenir à mes références CCSTIennes, j’ai trouvé que nos centres français n’étaient pas vraiment comparables au science center que je venais de visiter. Malgré des tentatives louables de cultiver une interactivité, un lien,  avec leur public, ceux-ci restent cependant bien pauvres face à l’artillerie lourde déployée par At Bristol. De là à savoir si de tels dispositifs sont applicables en France, je ne m’avancerais pas…

Du moins, si cet article a réussi à vous donner envie de visiter At Bristol mais que vous n’avez pas le temps/les moyens d’y aller, ne soyez pas trop tristes. En effet, son directeur, Goéry Delacôte, a créé l’Exploradôme à Vitry-sur-Seine, sur le même principe que le Science Center de Bristol. Vous pouvez donc allez le visiter en étant sûr que vous retrouverez le même esprit, et pourquoi pas écrire une réponse à cet article pour comparer ?

>> Photos : Camille Cocaud pour Knowtex

1 commentaire

  1. Comment le Royaume-Uni renouvelle son éducation aux sciences » OwniSciences, Société, découvertes et culture scientifique le 15 juin 2011 à 14:41

    [...] des tweets réalisée par Rahaël Velt. [↩] Camille Cocaud a évoqué celui de Bristol dans un précédent article [↩] swfobject.embedSWF("http://s0.videopress.com/player.swf?v=1.01", "vvq-35235-wpvideo-1", [...]

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